Migrant.e.s et réfugié.e.s bloqué.e.s au Niger
Depuis des années, le Niger est un pays de transit pour une grande partie des migrant.e.s et des réfugié.e.s qui traversent les pays sahariens au nord. La ville d'Agadez est toujours le point de départ de nombreux convois qui traversent le désert pour se rendre en Algérie et en Libye, bien qu'il existe de plus en plus de routes migratoires secrètes en dehors des villes, notamment en raison de la criminalisation croissante du transport des migrant.e.s. L'UE, qui a externalisé son régime frontalier sur le sol africain, investit des milliards d'euros dans les pays de transit africains tels que le Niger pour arrêter les migrant.e.s en route et les forcer à retourner dans leur pays d'origine. Et l'Algérie, pays frontalier du nord, procède depuis des années à des déportations massives vers Assamaka, à la frontière du Niger, de citoyen.ne.s ouest-africain.e.s pour la plupart. Par ailleurs, des migrant.e.s et des demandeurs d'asile venant de Libye arrivent à Agadez après avoir à nouveau fui la Libye à cause de la torture et de l'emprisonnement.
La crise de la corona aggrave considérablement cette situation déjà très difficile. La grande majorité des migrant.e.s et des réfugié.e.s ne peuvent ni avancer dans leur voyage ni retourner dans leur pays d'origine, même le retour dit volontaire dans leur pays d'origine est suspendu. Et tant de milliers de personnes sont bloquées dans des conditions extrêmes au Niger et de plus en plus à Agadez. Déjà pour les citoyen.ne.s nigérien.ne.s, aucune infrastructure publique adéquate, aucun soin médical et aucun service n'est fourni par l'État, encore moins pour les réfugié.e.s et les migrant.e.s.
De même, les structures intergouvernementales internationales, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugié.e.s (HCR) et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), n'assument guère leur responsabilité pour garantir des conditions de vie humaines à ces personnes. La vie est encore plus précaire pour ceux qui vivent en dehors des structures officielles des camps, dispersés et éloignés, comme nous l'avons déjà mentionné, dans ce que l'on appelle des ghettos.
La cuisine communautaire est une réponse solidaire à cette situation déplorable.
Après les quatre premiers mois et 23 cuisines collectives (données de décembre 2020), la cuisine collective est déjà devenue un lieu privilégié pour les migrant.e.s. Il y a eu des cuisines avec 13 communautés d'Afrique de l'Ouest, trois spécialement pour les femmes, une pour la communauté soudanaise, une pour les personnes expulsées d'Algérie et une édition spéciale avec diverses communautés, en majorité musulmanes, pour la fête religieuse de Tabaski. L'équipe locale de l'APS apporte désormais un soutien plus intensif aux personnes individuelles, en particulier aux personnes vulnérables. Les liens perdus avec les membres de la famille sont rétablis, mais de nouvelles approches de l'auto-organisation apparaissent également. Par exemple, une chanson de rap a été créée par le jeune guinéen King Papi sur la cuisine collective. Il s'agit des dangers qui se présentent sur la route du désert et de l'importance de se faire conseiller par des organisations comme l'APS.
Les migrant.e.s à Agadez ont besoin de la cuisine collective, la cuisine collective a besoin d'être renforcée. Nous sommes heureux des dons, des collectes, des événements de solidarité de toutes sortes !
For years, Niger has been a transit country for a large number of migrants and refugees who cross the Saharan countries to the north. The city of Agadez is still the starting point for many convoys travelling through the desert to Algeria and Libya, although there are more and more secret migration routes away from cities, also due to the increased criminalisation of the transport of migrants. The EU, which has externalised its border regime on African soil, is investing billions of euros in African transit countries such as Niger to stop migrants on their way and force them to return to their countries of origin. And the northern bordering country Algeria has been carrying out mass deportations to Assamaka on Niger's border for years, mostly of West African citizens. Also, from Libya migrants and asylum seekers come to Agadez after they have fled Libya again because of torture and imprisonment.
The corona crisis considerably aggravates this already very difficult situation. Faced with the Covid-19 crisis, many of these migrants and refugees, who can neither go forward on their journey nor return to their countries of origin, now find themselves stranded in Niger. And so many thousands of people are trapped in extremely severe conditions in Niger and increasingly in Agadez. Even for Nigerien citizens, the state does not provide adequate public infrastructure, medical care and services, and even less for refugees and migrants.